10 octobre


LE GRAND MARAIS



Est-ce parce qu’on y reconnait le berceau de la même vie qui coule en nos veines que ces étendues d’eaux tranquilles nous fascinent autant?
Quelles mémoires organiques s’éveillent en nous quand on distingue sous le film noir de l’eau le mouvement d’un de ses habitants mystérieux?

Peu d’endroits vous révéleront autant de secrets et de beautés…Glissez-y silencieusement en canot, quand la chape de plomb du soleil d’été ne l’a pas encore paralysé à midi, mais que les brumes de l’aube se sont levées.
Assistez aux chasses des hérons zens, ou de la grande aigrette, Galadriel de ces lieux…
Attendez votre tour avec les sarcelles au buffet qu’ont envahi les colverts irrévérencieux…
Asseyez-vous aux premières loges pour le concert du vol des demoiselles, du bruissement des hautes feuilles de quenouille, de la basse des butors discrets…

Mais attention!
C’est ici que vivent les sylphes et naïades qui furent la perte de plus d’un Roi!
Qu’adviendra-t-il de vous lorsque vous aurez frôlé leurs bras et répondu à leurs appels?

Ou vieillirez-vous sinon loin là-bas, en dessous…?
Puisque si ces eaux sont celles-là même de votre baptême; elles seront aussi celles de vos mémoires…

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